Le joueur d'échecs, Stefan Zweig
Edition Livre de Poche
94 pages
Résumé :
"Prisonnier des nazis, Monsieur B., en dérobant un manuel d'échecs, a pu, à travers ce qui est devenu littéralement une folle passion, découvrir le moyen d'échapper à ses bourreaux. Libéré, il se retrouve plus tard sur un bateau où il est amené à disputer une ultime partie contre le champion Czentovic. Une partie à la fois envoûtante et dérisoire... Quand ce texte paraît à Stockholm en 1943, Stefan Zweig, désespéré par la montée et les victoires du nazisme, s'est donné la mort l'année précédente au Brésil, en compagnie de sa femme. La catastrophe des années quarante lui apparaissait comme la négation de tout son travail d'homme et d'écrivain. Le joueur d'échecs est une confession à peine déguisée de cette désespérance."
Mon avis :
Après avoir découvert Stefan Zweig avec "24 heures de la vie d'une femme", j'avais hâte de lire un autre roman de cet auteur autrichien : juste pour voir si je succomberai une autre fois à son style d'écriture ! Et bien, pari réussi !
Plaisir et damnation autour des échecs
Stefan Zweig a une écriture qui ne me laisse pas indifférente. A chaque fois, je ne peux m'empêcher de faire une comparaison entre Maupassant et lui : des histoires prenantes, une écriture fluide et les pages défilent sans qu'on s'en rende compte.
Dans "le joueur d'échecs", tout commence par la découverte par le narrateur de Czentovic, un jeune homme un peu stupide mais qui s'est avéré être un génie des échecs et qui se retrouve sur le même bateau que le narrateur qui veut à tout prix faire sa connaissance. Mais le champion est d'un caractère asocial, rien ne l'intéresse hormis les échecs, à condition qu'il soit rémunéré pour y jouer, car après tout c'est son métier. Après moult négociations, le champion accepte une partie qu'il était sur le point de remporter jusqu'au moment où un homme de la foule murmure à son adversaire les tactiques pour l'évincer, laissant le champion anéanti.
Qui est cet homme? Comment peut-il être aussi doué et vouloir rester dans l'ombre ? C'est ce que l'on découvre dans la deuxième partie du roman. J'ai été étonnée de retrouver dans cette histoire, le thème de l'addiction aux jeux, déjà présent dans "24 heures de la vie d'une femme", un thème cher à l'auteur ? En soufrait-il lui-même ? Un mal récurrent à son époque ? Difficile à dire ! J'aimerais beaucoup lire un autre de ses romans pour voir si c'est un thème récurrent.
Un court roman qui nous plonge dans l'univers palpitant des échecs sans nous abrutir dans la description de techniques qu'un novice (tel que moi ^_^) ne comprendrait pas. L'histoire ne se départit pas de son caractère alléchant et on savoure le récit de ce narrateur anonyme.
Note :
Quelques mots sur l'auteur : Stefan Zweig
Né(e) à : Vienne, Autriche , le 28/11/1881
Mort(e) à : Pétrolis, Brésil , le 23/02/1942
Romancier, nouvelliste, dramaturge, Stefan Zweig est notamment l'auteur de Brûlant Secret (1911), Jérémie (1917), La Peur (1920), Amok et Lettre à une inconnue (1922), Volpone (1927), une biographie de Marie-Antoinette (1932), Vingt-quatre heures de la vie d'une femme (1934), La Pitié dangereuse (1938) et Le joueur d'échecs publié en 1943 de façon posthume .
Né à Vienne, d'un père juif riche tisserand et d'une mère issue d'une famille de banquiers italiens, il étudie la philosophie et l'histoire de la littérature, l'aisance financière de la bourgeoisie israélite lui permettant de suivre ses goûts.
Sa famille est croyante mais modérée.
Avant la première guerre mondiale il voyage beaucoup en Europe, à la découverte des littératures étrangères. Il sera notamment le traducteur en allemand de Verhaeren.
Il se rend ensuite puis en Inde et aux États-Unis. Il s'engage dans l'armée autrichienne en 1914 mais reste un pacifiste convaincu. Durant la guerre il s'unit avec d'autres intellectuels, dont Romain Rolland dans un pacifisme actif. A la fin de la guerre, il prône l'unification de l'Europe face à la montée du nazisme en Allemagne.
Hormis Romain Rolland, il compte parmi ses amis, Sigmund Freud, Emile Verhaëren.
Sa vie est bouleversée par l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Dès les premières persécutions, il quitte l'Autriche pour l'Angleterre (Bath puis Londres. Il sera naturalisé en 1940.
En 1941, il part pour le Brésil et s'installe à Rio. Effondré par l'anéantissement de ses rêves pacifistes et humanistes d'union des peuples il se donne la morten s'empoisonnant au Vérona en compagnie de son épouse.