Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour, S.G Browne
Résumé :
Andy vit en paria depuis sa résurrection spontanée après un accident de voiture. Ce nouveau zombie n’a pour morne horizon que le cellier familial, où il cuve les grands crus de son père, et ses réunions mensuelles aux Morts-Vivants Anonymes.
Mais lorsqu’un zombie solitaire l’initie aux bienfaits régénérateurs de la chair humaine, Andy décide de lutter pour ses droits civiques. Débute alors un voyage improbable qui le mènera de la morgue au rôle très médiatisé de porte-parole de la cause zombie, en passant par des séjours à la SPA reconvertie dans l’accueil de zombies fugueurs et aux plateaux d’Oprah Winfrey. Sombrement drôle, étrangement touchante et suffisamment saignante, l’odyssée du premier mort-vivant contestataire de l’Histoire vous fera probablement mourir de rire. Mais auparavant, vous devrez avoir fait connaissance avec tous les amis d’Andy…
Mon avis :
En tant qu'organisatrice du Challenge Zombie Attack (qui a bientôt un an !), j'ai lu un certain nombres de romans spécialisés dans le zombie : du délicieusement terrifiant au ridiculement gnangnan, je pensais avoir vu toute la panoplie… eh bien pas du tout ! S.G Browne nous livre, avec "Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour", un regard tout nouveau sur le mythe du zombie : bien loin des clichés attendus, dont l'auteur se moque gentiment tout au long du roman, c'est un véritable parcours initiatique qui nous est dépeint avec pour héros, Andy, un zombie !
Très différent du héros conventionnel de ce genre de roman dont le but ultime est de dégommer les zombies : Andy est un anti-héros par excellence. Tout récemment relevé d'un accident de voiture, il va découvrir que la vie après la mort n'est pas aussi rose que l'on pourrait le croire. Appartenant désormais à la minorité zombie du pays, Andy se retrouve privé de ses droits et revient sous la responsabilité de ses parents alors qu'il a plus de trente ans : relégué à la cave comme un parasite gênant dont on ne sait pas quoi faire : une véritable régression qui accentue la déchéance du personnage et de son mal-être. Loin de sombrer dans le mélodramatique, l'auteur S.G Browne, nous livre une critique douce-amère de la société contemporaine en prenant à bras le corps le problème des minorités, servie par une écriture irrésistible qui mêle habilement situation cocasse, humour pince-sans-rire et réflexion plus profonde.
Pourquoi un tel engouement pour ce livre ? Mise à part le fait que le héros principal est un zombie, ce roman rassemble les diverses trames que l'on peut trouver dans ce genre de roman, les mêlent en un tout, franchement réussi :
- Tout d'abord, la quête du héros : Andy ressort d'un accident de voiture où il a laissé quelques plumes, outre son allure peu glamour, il a perdu sa famille, son boulot… en clair tout ce qui faisait sa vie jusqu'à présent se retrouve aux oubliettes, désormais sa vie se résume à la cave de ses parents et ses réunions au groupe de soutien zombie auquel il participe. De personnage déprimé et sans espoir, Andy va se battre pour retrouver petit à petit une vie qui vaille la peine d'être vécue. Malgré les brimades, les insultes, les séjours à la SPA… rien ne le détournera de sa volonté de mettre en avant la condition de vie des zombies et de tout faire pour l'améliorer. Dans son combat, notre héros aura le soutien indéfectible du groupe de soutien zombie : Helen le mentor, Rita la jolie suicidée, Jerry le comique… la fine équipe ne sera pas de trop pour épauler Andy.
- Deuxièmement, une critique fine sur la condition des minorités : en prenant l'exemple des zombies, l'auteur nous entraîne dans des situations inoubliables qui font sourire à s'en faire mal aux zygomatiques ou au contraire nous emmène les larmes aux yeux.
- Troisièmement, l'histoire d'amour ! Tout héros qui se respecte se doit d'avoir une amoureuse et notre zombie ne fait pas exception à la règle. Une histoire d'amour des plus singulières se noue entre Andy et Rita que tout semble opposé au départ et que le destin va réunir avec son lot de bonheur et de malheur.
- Et enfin, le côté horreur ! Ben oui, tout ce que j'ai décrit jusqu'à présent c'est bien jolie mais on est quand même dans une histoire de zombie qui mérite son quota d'hémoglobine et de hurlements. Multipliant les références aux classiques du genre de Georges Romero, l' auteur se joue des conventions pour nous offrir un point de vue tout neuf sur ce qu'est véritablement un zombie et comment il peut survivre dans un monde qui n'est plus fait pour lui.
Un vrai coup de cœur pour ce petit bijou qui, à coup sûr, deviendra un classique dans la littérature zombie ! A dévorer de toute urgence!
Quelques mots sur l'auteur : S.G Browne
S. G. Browne, diplômé de l’Université du Pacifique à Stockton, Californie, a travaillé plusieurs années à Hollywood. Il vit actuellement à San Francisco. Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l’amour est traduit en allemand, italien, japonais, russe et polonais ; les droits cinématographiques ont été vendus à la Fox.
Andy le zombie a la côte à Paris, paru dans le journal Aujourd'hui du 9 Juillet 2013 :