Deux soeurs pour un roi de Philippa Gregory
'Je serai sombre, française, à la mode et difficile ; vous serez douce, ouverte, anglaise et belle. Quelle paire nous formerons ! Quel homme pourrait nous résister ?' Tels sont les premiers mots prononcés par Anne Boleyn à l'endroit de sa soeur Marie quand elle la rejoint, en 1552, à la cour d'Angleterre. Désir, haine, ambitions, trahisons... Se déroulant sur 15 ans, cette fresque historique, racontée à la 1re personne par Marie Boleyn, dépeint les rivalités au sein de la dynastie des Tudor.
Mon avis :
A lire absolument !
Je crois que ça résume assez bien mes sentiments sur ce livre : un merveilleux roman historique signé Philippa Gregory à avoir dans sa bibliothèque !
C'est l'histoire d'une femme, Marie Boleyn, courtisane à la cour d'Henry VIII, qui sera plongée malgré elle dans les complots de la cour pour servir les intérêts de sa famille Boleyn.
Tour à tour esclave de sa famille, favorite du roi, servante de sa soeur et femme libre au côté de Thomas, on assiste à l'évolution de cette femme qui loin de se satisfaire des plaisirs empoisonnés de la cour come sa soeur Anne, va préféré une vie simple dont elle est la seule maîtresse.
Une magnifique ode à la liberté empreint de poésie où le côté historique sert l'histoire et ne l'engloutit pas ( comme on le trouve dans de nombreux romans de ce genre!!).
Magnifique!!
Note :
- Les premières lignes
Printemps 1522
- Je pars pour la France demain et reviendrai avec votre soeur Anne, me dit mon père sur les marches du palais de Westminster. Sa place est à la cour de Marie Tudor.
- Je pensais qu'elle resterait en France, répondis-je. Je croyais qu'elle avait épousé un comte français.
Il secoua la tête.
- Nous avons d'autres projets pour elle.
Je savais qu'il était inutile de lui demander de quels desseins il s'agissait. Il me fallait attendre. Ma plus grande peur était qu'ils eussent pour elle l'ambition d'un meilleur mariage que le mien, m'obligeant à suivre sa traîne pour le restant de mes jours.
- Effacez cet air renfrogné de votre visage, m'enjoignit sèchement mon père.
J'affichai aussitôt mon sourire de cour.
- Bien sûr, père, répondis-je docilement.
Il hocha la tête et je m'abîmai dans une profonde révérence alors qu'il s'éloignait. Je me relevai puis me dirigeai lentement dans la chambre de mon époux, où un petit miroir était accroché au mur. «Tout ira bien, murmurai-je à mon reflet, je suis une Boleyn, ce n'est pas rien; et ma mère est née Howard, qui sera l'une des plus grandes familles du pays. Je suis une Howard et une Boleyn.» Je me mordis les lèvres. Mais elle aussi.»
Le miroir me renvoya mon creux sourire de courtisan. «Je suis la cadette des filles Boleyn, mais non la moins importante. Unie à William Carey, un homme qui a les faveurs du roi, je suis la plus jeune des dames d'atour de la reine, et sa préférée. Nul ne peut m'ôter cela. Ni elle ni personne.»
Anne et père furent retardés par des intempéries et j'espérai, puérilement, que coulât le bateau de ma soeur et qu'elle se noyât. À la pensée de sa mort, je ressentais un mélange déconcertant de véritable détresse et d'exaltation. Le monde sans Anne m'était inconcevable ; mais il ne me semblait guère assez grand pour nous deux.
De toute façon, elle arriva saine et sauve. Je les vis, mon père et elle, remonter le chemin depuis l'embarcadère royal vers le palais. Depuis la fenêtre du premier étage, je distinguai le balancement de sa robe, la coupe stylée de son manteau et, lorsqu'il tourbillonna autour d'elle, la jalousie me serra la gorge. J'attendis qu'elle disparût de ma vue puis me précipitai vers mon siège, dans la salle d'audience de la reine.
Je voulais qu'elle me trouve à mon aise dans les appartements de la reine richement décorés de tapisseries ; je comptais me lever pour l'accueillir avec maîtrise et distinction. Mais lorsque les portes s'ouvrirent sur elle, je fus submergée d'une joie soudaine et criai «Anne !» puis courus à elle, ma jupe bruissant autour de moi. Et Anne, entrée la tête fort haute, regardant dans toutes les directions d'un air arrogant, cessa soudain d'être une grande dame de quinze ans pour m'ouvrir ses bras.