Les impliqués, Zygmunt Miloszewski
Editions Mirobole
454 pages
Résumé :
Un dimanche matin, au milieu d’une session de thérapie collective organisée dans un ancien monastère en plein coeur de Varsovie, Henri Telak est retrouvé mort, une broche à rôtir plantée dans l’oeil. L’affaire atterrit sur le bureau du procureur Teodore Szacki, las de la bureaucratie inhérente à son poste et de sa vie de famille sans relief. Il rencontre Monika Grzelka, une reporter qui affiche un goût certain pour le flirt, et découvre le pouvoir effrayant de certaines méthodes thérapeutiques non conventionnelles basées sur les mises en scène. L’un des participants à cette session se serait-il laissé absorber par son rôle au point de tuer Telak ? L’enquête de Szacki fera resurgir un assassinat commis vingt ans plus tôt, avant la chute du communisme, et le mènera à des faits qui, pour sa propre sécurité, auraient mieux fait de rester oubliés.
Mon avis :
Je tiens tout d'abord à remercier les Editions Miroboles pour m'avoir permis de découvrir ce roman en avant-première car ce fut un délicieux moment de lecture que je ne suis pas prête d'oublier !
En découvrant le livre, j'ai pu constater que le nom polonais de l'auteur était encore plus compliqué que le mien, ce qui m'a bien fait sourire : cela nous fait un point commun.
Un procureur, une vengeance, la Pologne
Le procureur polonais Teodore Szacki se retrouve avec une drôle d'affaire sur les bras : un homme a été retrouvé mort dans une église où se déroulait une thérapie de groupe dirigée par un célèbre psy. Suicide? Assassinat ? Un vol qui a mal tourné ? Difficile à dire car le procureur n'a quasiment aucun indice, si ce n'est quatre suspects sans aucun mobile apparent.
L'enquête commence comme un huis clos digne du plus célèbre des Agatha Christie, où tout les éléments, de l'église confinée aux patients étranges contribuent à maintenir le lecteur dans une atmosphère angoissante. Dès le départ, on se rend compte que quelque chose nous échappe sans pour autant pouvoir y mettre le doigt dessus, bon, il faut dire que le principe de la thérapie sur la constellation familiale m'a énormément intrigué car je ne connaissais pas du tout, je pense donc que je me suis laissée submergée par le charisme de Rudzki, le psy, ce qui ne sera pas le cas du procureur Szacki, en charge de l'enquête, dont l'instinct et la détermination viendront à bout du machiavélisme des responsables.
Teodore Szacki ! Enfin un personnage de polar pour lequel je suis tombée en admiration ! Parce que disons-le, tout de suite, la plupart des polars, malgré une histoire intéressante, sont souvent desservis par un personnage principal insipide : sans surprise, sans peur et sans reproche, il résout l'enquête en deux coups de cuillère à pots et tout le monde est content. Et ben, ne comptez pas sur l'auteur Zygmunt Miloszewski pour vous servir un personnage de cet acabit car Teodore Szacki n'est pas de cette trampe. Un personnage à plusieurs facettes, comme on en rencontre peu dans la littérature, qui apparaît sous le costume du procureur comme un acharné de travail, sûr de lui et très intimidant pour les suspects or pour connaître la plupart des pensées personnelles du personnage, on se rend compte qu'il ne se perçoit pas du tout comme cela : dominée dans son couple, toujours le besoin d'être habillé convenablement, son implication quasi-obsessionnelle pour son boulot cache un certain manque de confiance en lui dès qu'il sort des sentiers battus, surtout d'un point de vue sentimentale. Un personnage fort et intraitable d'un côté et incroyablement humble de l'autre, comment aurais-je pu résister à ce duo aussi irrésistible qu'inattendu ? Et bien, je n'ai pas pu. L'auteur ne nous cache rien de son personnage ce qui nous fait nous sentir énormément proche de lui et à adopter ses schémas de pensées.
Le choix du métier de Szacki : un procureur se révèle étonnamment judicieux, pivot central faisant le lien entre le pouvoir exécutif et judiciaire, l'auteur s'emploie à nous faire découvrir son pays, la Pologne au travers de son système et de son histoire encore marquée par le communisme. Une découverte renforcée par les présentations de chapitre qui nous offre un large panel d'informations sur la Pologne.
En ce qui concerne l'enquête, je me suis tout simplement régalée ! L'intrigue est dirigée d'une main de maître du début à la fin : le lecteur devient, au travers des yeux de Szacki, autant spectateur qu'investigateur pour découvrir le fin mot de l'histoire. Nous recevons toutes les cartes de l'intrigue au même moment que Szacki, ce qui nous permet d'être actif dans la résolution de l'enquête mais même avec ça, je n'aurais jamais imaginé une histoire d'une telle profondeur !
Bien évidemment, toute bonne histoire se doit d'être servie par une écriture digne de ce nom et à ce titre, je dirais que Zygmunt Miloszewski n'a rien à envier aux grands noms des polars. Il a une plume sophistiquée qui ne laisse rien au hasard créant un suspens haletant qui capte l'intérêt du lecteur pour ne plus le lâcher : un vrai magicien des mots ! J'ai été incapable de lâcher le livre une fois commencé et les pages ont défilé à une vitesse ahurissante. Même maintenant, alors que je viens de tourner la dernière page des Impliquès, j'ai du mal à sortir de cet univers à l'ambiance si particulière qui m'a permis le temps d'un roman de partir à la découverte de la Pologne.
Note :
Quelques mots sur l'auteur : Zygmunt Miloszewski
Zygmunt Miloszewski, néle 8 mai 1976 à Varsovie, est un écrivain et journaliste polonais.
Zygmunt Miłoszewski amorce sa carrière professionnelle en 1995 au quotidien populaire Super Expresss où il est pendant des années chroniqueur judiciaire.
Depuis 2003, il travaille pour l'édition polonaise de Newsweek où il tient actuellement une chronique sur les jeux vidéo.
Il commence à publier des nouvelles et des romans en 2004.
Il a obtenu à deux reprises le prix du meilleur roman policier polonais Nagroda Wielkiego Kalibru (en 2007 et 2011)
Il est notamment l'auteur d'une série de romans policiers dont le héros récurrent est le procureur Teodor Szacki.